Je me souviens de la première fois où j’ai ouvert ChatGPT. Il y avait ce mélange de curiosité et de méfiance, intriguée de voir ce que cette nouvelle bibitte avait dans le ventre. Quelques minutes plus tard, il m’avait déjà reformulé une phrase avec plus d’élégance que la mienne. J’ai souri, un peu agacée, un peu impressionnée. Depuis, je l’ai apprivoisé.
Maintenant c’est mon petit lutin numérique qui travaille dans l’ombre de mon clavier. Mon apprenti plein de bonne volonté, rapide, parfois un peu maladroit, mais curieusement attachant. Il travaille jour et nuit, sans café ni soupirs, et ne réclame seulement qu’une consigne claire.
Quand je lui écris bien, il m’écoute. Quand je le guide, il m’épate. Mais quand je le laisse trop libre, ça se peut qu’il se mette à repeindre un jouet en rose fluo dans l’atelier du Père Noël, plutôt que l’emballer comme on lui avait demandé.
Dans le fond, comme tous les enfants du monde, mon lutin est parfois sage, parfois tannant.
Quand mon lutin est sage
Bien promptée, l’IA rend définitivement mon travail plus efficace. Elle s’intègre naturellement à mon processus de création de contenu, que ce soit comme aide à la recherche, en reformulation, en traduction ou en clarification d’information. Elle me libère de l’espace pour réfléchir, peaufiner un concept, m’aide à trouver la bonne image.
En somme, elle m’aide à écrire plus en profondeur, pas juste plus vite.
Toutefois, je préfère garder l’idéation pour moi, surtout parce que je sais que ChatGPT est probabiliste. Je ne veux pas d’une idée “statistiquement probable”, je veux une idée qui m’appartienne. Je me garde le plaisir de la page blanche et je fais entrer mon lutin numérique au moment où je sens que mes phrases manquent d’impact ou que je cherche le mot juste.
Là où il excelle, c’est quand il me suggère une tournure plus claire, une analogie plus précise ou un rythme plus naturel. Et en traduction, surtout quand on veut défendre son point à l’american, c’est un vrai atout. Il adapte le ton, le contexte, les nuances pour que ça “sonne” comme un texte pensé directement dans la bonne langue.
Mais quand il est tannant...
Des fois, mon lutin est un peu trop à l’aise. Il décide que ma consigne était une suggestion, pas une directive.
Je lui demande de traduire une phrase, il se permet de la réécrire dans un tout autre contexte. Pourquoi, lui demandais-je? Pour “mieux exprimer ton idée”, me répond-t-il. Je dois alors user d’un ton plus ferme pour le rediriger, faute de ne pas pouvoir lever le ton.
Ou encore, il peut s’amuser à me redonner un texte avec quinze tirets cadratins — oui, QUINZE — comme si la ponctuation dramatique allait compenser le manque d’émotion.
C’est dans ces moments-là que je le trouve tannant. Pas parce qu’il fait mal les choses, mais parce qu’il ne comprend pas encore pourquoi je les fais d’une certaine manière. C’est un lutin plein de bonne volonté, mais sans expertise, ni bons réflexes qu’il faut accepter de coacher à chaque projet, comme au premier jour.
Retrouver la créativité dans la technologie
Avant 2025, je ne croyais pas en ce que l’IA pouvait devenir. C’était un gadget qui menaçait de nous remplacer, nous disait-on. Rapidement, j’ai compris la révolution qu’elle représentait, qu’elle pouvait m’aider à éliminer les tâches redondantes, comme rédiger une transcription audio, structurer un PowerPoint ou trouver un synonyme. Mais elle ne crée pas à ma place.
Il faut dire qu’au début, je me sentais un peu paresseuse de l’utiliser. Puis, j’ai voulu compenser en l’utilisant à outrance, et je me suis perdue dedans. J’ai fini par comprendre qu’il fallait que je redéfinisse mes limites, identifier là où elle est utile et où elle m’efface.
Maintenant, je peux dire que j’ai retrouvé un équilibre et renoué avec ma créativité.
L’IA a certainement redéfini ma façon d’écrire. Je suis peut-être aujourd’hui plus éditrice qu’auteure (ai-je raté ma vocation?). Tout de même, cette nouvelle approche me permet quand même de reprendre le clavier, de trouver le ton juste, de retravailler une phrase pour qu’elle respire.
Et je dois quand même à l’IA de m’avoir forcée à redécouvrir ce que j’aime dans la création de contenu. Pas juste produire, mais donner du sens.
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